Réflexions sur la tradition sociale-démocrate

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Guide de lecture

Le but de Réflexions sur la tradition sociale-démocrate est de fournir une histoire politique, un aperçu et une évaluation critique de la tradition sociale-démocrate au sein de la politique occidentale, au Canada en particulier, durant cette période de bouleversement, d'inégalités et de déclin qui caractérise présentement les démocraties autour du monde.

Ce document sert de point de départ pour le projet Changeons la donne de l’Institut Broadbent et pour faire le point sur quelques questions fondamentales :

  • Qu’est-ce que la sociale-démocratie ?

  • Quels gains pouvons-nous l’attribuer et sont-ils sont encore pertinents aujourd’hui?

  • Qui a bénéficié de la sociale-démocratie et qu’est-ce qui a été perdu lors du recul du projet social-démocrate?


Cette guide de lecture offre un résumé du document et présente quelques questions-clés à considérer lors de sa lecture.

 

Qu’est-ce que la sociale démocratie ?

L’expression « social-démocratie » désigne à la fois un mouvement social et politique et une théorie politique distinctive, tous deux apparus dans la seconde moitié du 19e siècle en opposition au capitalisme libéral. « Social-démocratie » s’entendra dans le présent document de la pleine extension des principes démocratiques aux domaines social et économique. Dans ce sens, la social-démocratie chevauche étroitement les principes du socialisme démocratique, ce qui indique l’émergence d’un nouveau type d’économie.

La vision sociale-démocrate va au-delà d’un capitalisme doublé d’un État providence et pour l’instant, plus qu’une réalité elle demeure encore largement un objectif  à atteindre.

La social-démocratie tire ses racines des mouvements de la classe ouvrière industrielle et des idées mises de l’avant par les opposants socialistes au capitalisme libéral. Ce n’est qu’indirectement et tardivement qu’elle s’intéresse au féminisme, à la lutte contre le racisme, au mouvement écologiste et à la lutte pour la reconnaissance des droits des personnes handicapées et des groupes autochtones. Le renouvellement de la social-démocratie s’ancrera dans des relations plus étroites avec des mouvements sociaux prônant l’égalité et la reconnaissance de différences autres que celles liées aux classes sociales.

 

L’évolution de la sociale démocratie

La Partie 1 de cette étude explore la relation entre la social-démocratie, la montée de la citoyenneté sociale et la reconnaissance des droits sociaux et économiques. Les sociaux-démocrates sont pour beaucoup dans la transformation (temporaire et contestée) du capitalisme libéral en État providence keynésien, bien que cette réalisation ne soit pas l’œuvre exclusive de la social-démocratie. Ils introduisent une vision distinctive de l’État providence, qui reconnaît le droit à l’éducation, le droit à la santé et le droit à l’assistance sociale fondés sur la citoyenneté à la différence des programmes sociaux résiduels, beaucoup plus étroitement ciblés. Les sociaux-démocrates soutiennent par ailleurs d’importants mouvements ouvriers, jetant ainsi les bases d’une démocratie économique égalitaire.

La tradition sociale-démocrate reconnaît que l’inégalité des chances et des conditions est enracinée dans la concentration de la propriété des capitaux privés et dans la logique même de l’accumulation du capital, qui limite le fonctionnement de la démocratie politique. La démocratie économique, avec sa notion de propriété collective et de régulation des capitaux privés, demeurera à l’ordre du jour jusque dans l’après-guerre avancé.

La Partie 2 de l’étude trace l’histoire de la social-démocratie en tant que mouvement politique, depuis la période dorée de la fin du 19e siècle (aussi appelée Âge du toc ou Âge des paillettes, en anglais Gilded Age) jusqu’à l’Âge d’or de l’immédiat après-guerre. Avant la Première Guerre mondiale, l’élargissement des droits des ouvriers et des droits démocratiques mène à un accroissement de la représentation politique. Les  socialistes doivent reconnaître que le capitalisme est à la fois capable de faire progresser le niveau de vie de la classe ouvrière et de mettre en œuvre des réformes sociales, contrairement aux principes du marxisme orthodoxe. Certains réformistes en viennent à considérer le socialisme non pas comme un moment de transition, mais plutôt comme un objectif à atteindre graduellement par le truchement des institutions politiques de la démocratie libérale. La division entre socialistes démocratiques et socialistes révolutionnaires devient explicite après la révolution bolchevique, mais les socialistes démocratiques maintiennent leur vision d’économie post-capitaliste. Dans les années 1930, sous l’effet de la Grande Dépression (aussi appelée Grande Crise) et d’une gauche désunie, le socialisme démocratique se retrouve en marge de la vie politique, hormis en Suède où la social-démocratie prône des politiques keynésiennes et l’expansion de l’État providence.

La Partie 3 de l’étude traite de l’évolution de la social-démocratie depuis l’Âge d’or de l’État providence keynésien jusqu’à la Grande Récession. L’après-guerre est marqué par la mise en oeuvre de nombreuses politiques sociales-démocrates et par une réduction sensible des inégalités économiques et sociales, parallèlement au plein emploi et à une forte croissance économique. Il semble alors confirmé que le capitalisme peut coexister avec des droits sociaux, économiques et ouvriers, ce qui amène bien des gens à rejeter le socialisme pour sa finalité ultime de propriété collective. D’autres facteurs favorisent également ce virage : la montée d’une classe moyenne éduquée, le déclin de la classe ouvrière industrielle traditionnelle, l’arrivée massive des femmes dans le monde du travail et peut-être aussi une culture politique plus individualiste. L’Âge d’or de la social-démocratie voit émerger de nouveaux mouvements sociaux et s’élever une nouvelle voix de gauche réclamant des changements fondamentaux, notamment des objectifs moins matériels que ceux visés par la social-démocratie traditionnelle. Une période de stagflation (inflation élevée conjuguée à une hausse du chômage) s’installe dans les années 1970 et met en place les conditions favorables au retour à une économie de marché plus orthodoxe (libéralisme de libre marché, ou néolibéralisme). La droite politique s’élève entre autres contre le plein emploi, la régulation gouvernementale, la mobilisation ouvrière et l’État providence. Pour maintenir la croissance économique et le plein emploi, les socialistes démocrates préconisent une plus grande socialisation de l’investissement privé et un rôle majeur de l’investissement public, tandis que les idées néolibérales se fraient de plus en plus un chemin parmi les sociaux-démocrates, qui insistent toutefois pour préserver les avancées réalisées et maintenir l’égalité des chances.

En conclusion, le document présente brièvement les perspectives actuelles qui se dessinent pour l’avenir de la social-démocratie alors que le néolibéralisme s’est révélé incapable de promouvoir le progrès social et économique partagé. Les éléments clés d’un nouveau programme social et économique sont réunis, notamment un vif intérêt pour de nouvelles formes de propriété collective, un rôle majeur de l’investissement public et l’importance primordiale de la transition écologique. Renouveler la social-démocratie signifiera aussi bâtir un vaste mouvement social de changement en collaboration étroite avec d’autres mouvements.

 

Questions clés :

  1. Quelles ont été les innovations principales de la sociale-démocratie ?

  2. Êtes-vous d’accord avec la définition de la sociale-démocratie ? Qu’est-ce qu’elle laisse de côté ?

  3. Qu’est-ce que la sociale-démocratie a laissé de côté ? Est-ce que la sociale-démocratie a renforcé ou créé des obstacles et de la discrimination ?

  4. Quels sont les liens entre les mouvements sociaux, les syndicats et les partis politiques dans la création de la sociale-démocratie ?

  5. Est-ce que la sociale-démocratie est en contradiction fondamentale avec le néo-libéralisme ?

  6. Comment est-ce que la sociale-démocratie peut-elle devenir un projet inclusif en harmonie avec d’autres mouvements de gauche ?


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