Le moment est venu qu’un nouveau gouvernement mette en place des changements de nature progressiste

arial photo of Canadian Parliament

Après un peu moins d’une décennie d’un gouvernement conservateur à Ottawa, la majorité des Canadiennes et Canadiens ont voté lundi pour le changement.

Aujourd’hui, après cette longue décennie, le pays peut consacrer son énergie à réparer les dommages. Il y a tant à faire!

D’abord, une série de lois antidémocratiques doivent être abrogées. En font partie les lois C‑377 et C‑525, des initiatives manifestement antisyndicales destinées à affaiblir le mouvement syndical.

La loi antiterroriste C‑51 de Stephen Harper doit également être abrogée. Comme un éditorial du Toronto Star le faisait observer, elle est contraire aux droits fondamentaux enchâssés dans la Charte, y compris la protection de la vie privée, la liberté d’expression et la sécurité de la personne. « Le projet de loi C‑51 ne fait pas que réprimer durement les véritables coupables. Elle représente une menace pour nous tous, minant les droits civils », expliquait le quotidien plus tôt cette année.

Et comme Ed Broadbent et Roy Romanow l’ont écrit dans un article du Globe and Mail : « Ce projet de loi s’attaque aux droits civils de tous les Canadiens et Canadiennes, et assujettit les protections garanties par la Charte des droits et libertés à des pouvoirs plus larges d’interférer avec une conduite légale et légitime ».

L’équité doit aussi retrouver sa place au sein de notre régime d’imposition. À cette fin, le fractionnement du revenu familial et le doublement des limites fixées pour les comptes d’épargne libre d’impôt doivent être annulés. Notre recherche montre pourquoi : les avantages conférés par ces programmes de plusieurs milliards de dollars, adoptés plus tôt cette année, profitent de manière très disproportionnée aux familles les plus riches.                                           

Les sociétés et les Canadiens bien nantis doivent également payer leur juste part d’impôts afin que l’on puisse mettre en place de vigoureux programmes nationaux, y consacrer les sommes voulues et lutter de façon durable contre l’inégalité.

Une dynamique clé de l’inégalité au Canada est que les travailleurs à revenu élevé ont vu leurs revenus augmenter plus rapidement que ceux du reste de la population. Établir une nouvelle tranche de revenus pour les personnes qui gagnent plus de 200 000 $ pourrait permettre de percevoir des milliards de dollars sous forme d’impôts. Cette nouvelle tranche devrait venir s’ajouter à l’élimination de l’échappatoire d’exemption pour options sur actions dont bon nombre de PDG et cadres d’entreprise tirent parti.

Il faudrait également augmenter l’impôt sur le revenu des sociétés. En 2000, il s’établissait à 28 %. En 2006, le gouvernement précédent l’avait fait passer à 22,1 %. Les Conservateurs l’ont réduit davantage après avoir pris le pouvoir une première fois, et il s’établit aujourd’hui à 15 %. Ces réductions du taux d’imposition des sociétés ont coûté au Trésor public quelque 12 milliards de dollars par année, selon le directeur parlementaire du budget. Ramener ce taux à 17 % serait un bon point de départ.

Rééquilibrer le régime d’imposition du Canada signifie restaurer la capacité financière de la nation de sorte que des investissements puissent être consentis dans le transport, le logement abordable et une économie plus verte. Cela signifie également se donner les moyens de mettre en place la génération prochaine de programmes sociaux qui se font cruellement attendre – des services de garde universels abordables et un régime national d’assurance-médicaments.

La crise des pensions du pays signifie également que des mesures doivent être prises pour s’attaquer à l’insécurité de la retraite pour la population vieillissante du Canada. En plus de l’élargissement du Régime de pensions du Canada, qui s’avère être l’outil d’épargne le plus efficace et efficient, l’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse devrait être ramenée à 65 ans. On doit en outre s’attaquer à la pauvreté des aînés en augmentant le financement du Supplément de revenu garanti.

À l’occasion de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique qui se tiendra dans un mois, le Canada doit montrer qu’il prend au sérieux les mesures à prendre pour lutter contre le changement climatique. Les paroles ne suffiront pas.

Matthew Paterson de l’Université d’Ottawa, membre de l’Institut Broadbent et principal auteur du 5e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies, dit que cela commence par l’établissement de cibles claires et ambitieuses pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la création des conditions favorables à la mise en place d’une politique publique axée sur les objectifs à atteindre qui fonctionnent comme des signaux puissants à l’intention de l’industrie, des consommateurs et des investisseurs.

« Les investisseurs décident aujourd’hui à quels investissements énergétiques ils doivent donner la priorité. Il s’agit de façon caractéristique d’investissements prévoyant de longues périodes de récupération. Une cible forte et ambitieuse de réduction des émissions envoie un message clair aux investisseurs leur indiquant qu’un investissement dans, par exemple, une nouvelle centrale thermique alimentée au charbon, n’est tout simplement pas profitable. Aussi, seront‑ils contraints d’investir davantage dans des projets plus conformes à la cible. Si vous ne fixez aucune cible à atteindre, les investisseurs ne reçoivent aucun message » a écrit récemment Paterson.

Pour bâtir une nouvelle relation de nation en nation avec les Premières Nations du Canada, il faudra rompre radicalement avec l’histoire. Il doit s’agir là d’une priorité de premier ordre pour le nouveau gouvernement. Pour bâtir la confiance, il faut combler l’écart de scolarisation des Premières Nations et tenir une enquête publique sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Le changement le plus décisif sera toutefois d’aller de l’avant promptement afin de donner suite aux recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation

Enfin dernier changement mais non le moindre, le gouvernement doit s’attaquer au déficit démocratique et mettre fin au système de scrutin uninominal majoritaire en faveur d’un système de représentation proportionnelle. Les élections fédérales du 19 octobre dernier devraient être les dernières à s’être déroulées selon ce système désuet

Évidemment, il y a plus à faire pour bâtir un Canada meilleur. Ce n’est que le début. Allons de l’avant!

Après un peu moins d’une décennie d’un gouvernement conservateur à Ottawa, la majorité des Canadiennes et Canadiens ont voté lundi pour le changement.

Aujourd’hui, après cette longue décennie, le pays peut consacrer son énergie à réparer les dommages. Il y a tant à faire!