Le sondage de l’Institut Broadbent révèle le souhait du public de combler l’inégalité des revenus

Toronto Star [Traduction]
L’écart entre les riches et le reste d’entre nous rejoint les niveaux des années 1920. Depuis les années 1990, le 1 % le plus riche de la population a obtenu un tiers de toute l’augmentation des revenus à l’échelle nationale tandis que 99 % des gens luttent pour une part qui s’amoindrit sans cesse.
La bonne nouvelle est qu’à la différence des gouvernements, les Canadiennes et les Canadiens, peu importe leur affiliation politique, veulent des mesures pour corriger la situation. Les résultats d’un nouveau sondage national mené à l’intention de l’Institut Broadbent par Environics Research et rendu public aujourd’hui ne laissent subsister aucun doute à ce sujet.
Nous avons demandé aux Canadiennes et aux Canadiens si l’écart croissant entre les riches et le reste de la population est un problème et la réponse a été concluante. Plus de trois quarts des répondants considèrent que cet écart est un sérieux problème avec des conséquences négatives à long terme pour notre société.
Le plus gros souci qui préoccupe les Canadiens est que cette situation provoquera une baisse du niveau de vie, suivi d’une augmentation des crimes, ainsi que de l’érosion des soins de santé et d’autres services publics.
La majorité des Canadiens est également préoccupée par le fait que l’inégalité des revenus diminuera les possibilités pour les jeunes de réussir aussi bien ou mieux que leurs parents – une tendance qu’on ne saurait ignorer, quand on sait que le pourcentage de jeunes Canadiens sans emploi est le double du taux de chômage général.
La question peut-être la plus alarmante à long terme est qu’une majorité pense que l’écart sans cesse croissant entre les revenus peut éroder la qualité de notre démocratie.
Peu importe la région où les gens vivent ou combien ils gagnent, notre recherche sur l’opinion publique montre que l’écart croissant est considéré comme une valeur non canadienne. La majorité des Canadiennes et des Canadiens (71 %) pensent que cette tendance sape nos valeurs communes.
La majorité pense également qu’il est temps pour les gouvernements de prioriser la réduction de l’inégalité des revenus.
L’élément peut-être le plus important de ce sondage est le fait que les Canadiens seraient prêts à payer des impôts plus élevés pour protéger les programmes sociaux qu’ils apprécient et qui aideraient à réduire l’inégalité des revenus.
Près de deux tiers (64 %) des Canadiens accepteraient de payer des impôts légèrement plus élevés si cela permettait de protéger nos programmes sociaux. Une majorité d’électeurs conservateurs (58 %) sont également désireux de payer plus d’impôts pour protéger les programmes sociaux, tandis que les électeurs libéraux et néo-démocrates sont encore plus désireux de les appuyer : 72 % d’entre eux paieraient plus.
Fait intéressant à noter : les personnes ayant un niveau de revenu élevé acceptent tout autant que le reste des Canadiens de payer légèrement plus d’impôts. C’est seulement leurs gouvernements qui ne sont pas dans la course.
Une écrasante majorité de Canadiens est en faveur d’une augmentation des impôts des personnes les mieux nanties – celles qui gagnent de 250 000 $ à 500 000 $ ou plus. Notre recherche a montré que la plupart des Canadiens appuient l’introduction d’un nouvel impôt de 35 % sur l’héritage pour tout bien immobilier supérieur à 5 millions de dollars.
Enfin, la majorité des Canadiens veut que les entreprises canadiennes contribuent également et elle appuie l’idée de ramener l’impôt des sociétés au niveau de 2008.
L’option d’augmenter les impôts pour protéger les programmes sociaux que nous apprécions et pour traiter de l’inégalité des revenus n’a pas fait l’objet d’un débat public depuis longtemps. Notre recherche montre que les Canadiens sont prêts à contribuer, mais ils s’attendent à ce que les riches, les entreprises canadiennes et leurs propres gouvernements fassent partie de la solution et non du problème.
Ces opinions sont largement partagées et surmontent les obstacles idéologiques traditionnels. En somme, les Canadiens s’inquiètent de ce que l’inégalité des revenus menace d’annuler ce qu’un grand nombre de personnes ont accompli par le passé.
Si l’on se base sur les données de nombre de pays, l’augmentation de l’écart entre les revenus menace tous les éléments qui font la prospérité d’une communauté. En revanche, les sociétés profitant d’une égalité plus importante des revenus sont généralement moins violentes, sont plus saines, ont des pourcentages plus élevés de vote, une plus grande mobilité sociale et une prospérité plus considérable.
Voilà le genre de Canada que nous voulons. Les Canadiens sont prêts à faire leur part pour y arriver. Allons-y.