Il n’y a aucun doute que les personnes à faibles revenus, particulièrement les enfants et leurs parents, mènent de meilleures vies en raison de la forte tradition du syndicalisme social au Canada. À tous les niveaux, les syndicats sont au devant des mouvements appuyant des politiques publiques telles que les salaires minimaux décents, des pratiques de travail équitables et des services publics progressistes qui soutiennent les familles quelles fassent partie de la population active ou non.
Près d’un enfant sur sept vit toujours dans la pauvreté au Canada, en dépit du vote unanime à la Chambre des communes en 1989 pour mettre fin à la pauvreté infantile au Canada. Cet engagement a été élargi en 2009, lorsque tous les députés ont voté pour élaborer un plan immédiat pour mettre fin à la pauvreté pour l’ensemble du Canada. Les statistiques les plus récentes indiquent que 979 000 enfants au Canada (soit 14,5%) vivent dans la pauvreté en 2010, comparativement à 13,7% en 1989 (mesure de faible revenu après impôt). Alors que les taux de pauvreté annuels fluctuent selon les cycles économiques, ces légères augmentations et diminutions ne doivent pas être confondus comme étant une amélioration à long terme. Même si l'élimination de la pauvreté promise et les plans ne se sont pas concrétisés, les syndicats demeurent des partenaires importants de la lutte pour s’assurer que le gouvernement ne lâche pas prise.
Malheureusement, trouver un emploi n'est pas une garantie d’échapper à la pauvreté. Beaucoup de familles à faible revenu ont un revenu d'emploi mais ne trouvent pas d'emplois avec des salaires suffisants, avec des heures et des avantages qui leur permettent de s’élever au-dessus du seuil de pauvreté. En effet, plus d’un enfant sur trois provenant d’un ménage à faible revenu a un parent qui travaille à temps plein toute l'année. Peu d’entre eux ont des parents qui ont des emplois syndiqués étant donnée que les seuls emplois qu'ils trouvent sont à temps partiel, saisonniers et / ou à court terme. Beaucoup de parents jonglent avec plus d'un emploi à temps partiel pour joindre les deux bouts. Ces familles sont parmi les principaux bénéficiaires des campagnes pour le changement défendues par les syndicats en collaboration avec les groupes de la société civile depuis des décennies au Canada; des campagnes de hausse du salaire minimum et des conditions de travail justes, pour de bons emplois qui offrent des salaires et des avantages sociaux décents et de haute qualité, des services de garde d'enfants abordables combinés à la maternité et au congé parental.
Les données européennes démontrent que des pays ayant des niveaux plus élevés de syndicalisme ont des niveaux moins élevés de pauvreté infantile en raison du plancher plus élevé des salaires et à cause du fossé plus étroit entre les salaires élevés et les salaires faibles. Ces pays, souvent scandinaves, offrent plus de services publics universels qui sont largement utilisés par l’ensemble des classes sociales et appuyés par tous. Des services de garde de qualité supérieure associés à des congés parentaux et de la formation d’emploi vigoureuse sont de bons exemples de mesures dans notre société engendrées par le syndicalisme social.
Andrew Jackson a raison d’affirmer que les communautés syndicales mènent à des collectivités saines. Alors que la marée montante économique ne soulève pas tous les bateaux, la pression pour de meilleurs salaires et services publics vise à aider l’ensemble des Canadiens, y compris ceux qui ne sont pas syndiqués. Tous les Canadiens sont meilleurs en raison de la force et de la persistance des syndicats qui continuent de jouer à travers les partenariats, les coalitions, les alliances et les mouvements au Canada. Qu'il s'agisse de la campagne pour un salaire minimum à 10 $ de l'heure en Ontario, la pression pour une prestation nationale pour enfants et d'une loi sur l'élimination de la pauvreté ou le Code bleu pour la campagne de la petite enfance, l'engagement soutenu des syndicats à travailler en coalition avec les militants anti-pauvreté pour améliorer la qualité de vie de toutes les familles ont fait une différence substantielle. La perte de dynamisme du syndicalisme laisserait un définitivement un grand vide. En effet, le Canada ne fonctionnerait pas bien sans lui.
Laurel Rotheman est la directrice de la réforme sociale à Family Service Toronto où elle coordonne la Campagne 2000 : Éradiquez la pauvreté des enfants au Canada, une coalition pancanadienne visant à sensibiliser les gens et offrir des solutions pour venir à bout de la pauvreté infantile et des familles.
Cet article est une réponse au rapport de l'Institut Broadbent sur le mouvement syndical et la prospérité sociale, « Des communautés syndiquées, des communautés en santé ».
Photo: NNSANews. Utilisée sous une licence Creative Commons BY-ND 2.0.