Le Blogue Broadbent

LE CARREFOUR DES VOIX PROGRESSISTES CANADIENNES.

Avertissement: Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de l’Institut.

Lancement du fonds Ed Broadbent pour la démocratie

Un fonds dédié au renforcement de la démocratie au Canada est lancé aujourd'hui en l'honneur d'Ed Broadbent

OTTAWA -- Charles Taylor, célèbre philosophe politique canadien et ami de longue date de Broadbent, a dit que « Ed a toujours défendu la décence et la conviction que le Canada pouvait offrir une vie meilleure à tous, fondée sur le respect mutuel. » Dans son dernier discours au Parlement, Ed a souligné que nous devions nous concentrer sur ce qui nous rassemble au-delà des divisions partisanes: « Sur 75 % des questions, nous sommes du même côté… Nous avons tendance à penser que les 25 % de questions qui nous divisent sont les seules qui comptent. »

Le Fonds Ed Broadbent pour la démocratie est une initiative non partisane dédiée à la promotion des valeurs et des pratiques démocratiques. Le Fonds est dirigé et soutenu par les ami.e.s et les collègues d'Ed Broadbent, représentant de l'ensemble du spectre politique. Son premier projet consistera à soutenir le programme des leaders d’avenir de l'Institut Broadbent.

"En dotant un groupe diversifié de leaders d’avenir de tout le Canada de compétences et d'opportunités de mentorat, nous assurons la longévité et la santé des institutions démocratiques de notre pays", a déclaré Jen Hassum, directrice générale de l'Institut Broadbent.

Bill Knight, qui a été député avec Ed et qui a été un fervent défenseur de l'Institut depuis sa création, a déclaré: « Ed était de plus en plus préoccupé par la nécessité de donner à la prochaine génération les moyens de défendre la démocratie et de lutter contre l'affaiblissement des libertés. Il nous a appris que la démocratie est vivante mais qu'elle a besoin d'un renouvellement constant. »

Manon Massé, députée de Québec solidaire pour Sainte-Marie-Saint-Jacques et ancienne co-porte-parole du parti, se souvient « Son écoute et l’effort qu’il a mis pour comprendre notre point de vue ont valu à Ed Broadbent le respect des Québécois et Québécoises, malgré son français laborieux (mais enthousiaste!) et nos différences sur la question nationale. Fier de ses origines de classe ouvrière, j’ai toujours apprécié qu’il soit resté fidèle à ses idées et ses luttes politiques. »

Ed Broadbent a été élu en 1968 et est devenu chef du NPD fédéral en 1975. En 1988, il a lancé le Centre international des droits de la personne et du développement démocratique, un pionnier du soutien du Canada aux démocraties dans le monde. En 2011, il a créé l'Institut Broadbent, qui est aujourd'hui le think tank progressiste le plus grand et le plus influent du Canada, et un leader dans les domaines de la formation, des médias et de la défense des droits.

Veuillez consulter la page web du Fonds Ed Broadbent Pour La Démocratie qui sera lancée cette semaine.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter
Clement Nocos, Directeur de la politique et engagement, l'Institute Broadbent

Déclaration sur l'annonce par le Premier ministre de funérailles nationales pour l'honorable Ed Broadbent

L'Institut Broadbent et la famille Broadbent se réjouissent de l'annonce par le Premier ministre Justin Trudeau de la tenue de funérailles nationales pour Ed Broadbent, décédé le 11 janvier 2024. Cet honneur est un témoignage profond des contributions durables d'Ed Broadbent et de son dévouement inébranlable au bien-être des Canadiens ordinaires.

Ed Broadbent était un universitaire et un député respecté, le chef du Nouveau Parti démocratique du Canada, le premier président du Centre international des droits de la personne et du développement démocratique, et il a été honoré en tant que Compagnon de l'Ordre du Canada. Cet hommage public reconnaît sa défense inébranlable de l'égalité et de la recherche d'une bonne société, ainsi que le rôle essentiel qu'il a joué dans l'inscription des droits et libertés de tous les peuples dans les lois et la constitution de notre pays.

« Le Canada se porte mieux grâce au service dévoué d’Ed Broadbent. Défenseur de l’égalité et de la justice, son engagement à aider les autres n’a jamais faibli. Ces funérailles d’État nous offriront l’occasion de rendre hommage à son incroyable héritage, qui restera sans aucun doute une source d’inspiration pour des générations de Canadiens. » – Le très hon. Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Comme le précise le communiqué du cabinet du Premier ministre, les funérailles nationales auront lieu à Ottawa le dimanche 28 janvier 2024. Elles offriront à tou.te.s les Canadiens l'occasion de pleurer, de célébrer et de réfléchir à l'héritage d'Ed, champion des droits humains et de la démocratie économique. De plus amples informations seront communiquées dès qu'elles seront disponibles.

Déclaration concernant le décès d'Ed Broadbent

C'est avec le cœur lourd que l'Institut Broadbent annonce le décès de notre fondateur, Ed Broadbent.

Notre pays a perdu un fervent défenseur des Canadiens ordinaires, un intellectuel qui croyait fermement à la construction d'une bonne société.

Ed a consacré des décennies de sa vie à lutter pour la justice et l'égalité au Canada et dans le monde. En tant que député, chef du Nouveau Parti Démocratique, président de Droits et Démocratie et au-delà, il a défendu sans relâche les intérêts de tous, en particulier de ceux et celles qui sont en marge de la société.

Fervent défenseur de l'égalité des droits, Ed a joué un rôle essentiel dans l'inscription des droits et libertés de tous les peuples dans les lois et la constitution de notre pays. Il était un intellectuel rare, capable de faire le lien entre les défis auxquels sont confrontés les citoyens ordinaires et les mouvements et institutions qui luttent pour la démocratie économique.

L'Institut Broadbent célèbre la vie d'Ed et son immense contribution à notre pays. Nous pleurons la perte d'un grand Canadien.

« Ed a combiné une passion de toute une vie pour la justice et l'égalité avec une passion pour la vie elle-même et toutes les joies et le bonheur qu'elle a à offrir. Il était un parlementaire et un leader politique extraordinaire. C'était un intellectuel profondément réfléchi. Enfin, il était d'une merveilleuse compagnie et un ami des plus agréables. Tous ceux qui l'ont connu le regretteront, le célébreront et, espérons-le, feront ce qu'il aurait souhaité le plus de nous. C'est-à-dire poursuivre son travail. »
— Brian Topp, le président du conseil d’administration de l’Institut Broadbent
« L'héritage d'Ed Broadbent est incommensurable et il a laissé une marque durable sur le Canada. Il s'est engagé à fond en faveur de la démocratie, de l'égalité et d'une société plus inclusive, s'efforçant toujours d'améliorer la vie des Canadiens ordinaires par son travail. Son style de leadership visionnaire et son courage inébranlable ont inspiré des générations. L'absence d'Ed laisse un vide dans nos cœurs. À l'Institut Broadbent, nous restons fermement déterminés à faire progresser sa mission et à bâtir la bonne société qu'il envisageait. »
— Jen Hassum, directrice exécutive de l’Institut Broadbent

 

Dans le postface de Seeking Social Democracy, Ed nous laisse une vision durable et ses espoirs sur ce qu'il faut faire pour construire la bonne société d'aujourd'hui et de demain:

« Pour être humaines, les sociétés doivent être démocratiques - et pour être démocratiques, chaque personne doit avoir les droits économiques et sociaux nécessaires à son épanouissement. En soi, les libertés politiques et civiles sont insuffisantes pour atteindre cet objectif. Je croyais en 1968, et je crois encore aujourd'hui, que la démocratie politique ne suffit pas. Au XXIe siècle, la reconstruction de la démocratie sociale doit être notre tâche. Seule la démocratie sociale offre la base sur laquelle la vie des gens partout dans le monde peut être rendue digne, juste et passionnante. »

 

Pour les questions de médias, veuillez contacter [email protected]

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Les salaires des employés d’épicerie sont grugés par l’inflation dans un contexte de profits records

Une nouvelle étude réalisée par l’Institut Broadbent arrive à la conclusion que les gains salariaux dans le secteur de l’épicerie ont été annulés par l’inflation – dans un contexte de profits records réalisés par les épiciers.

OTTAWA – Les gains salariaux des employés d’épicerie ont été complètement annulés par l’inflation, selon un nouveau rapport publié par l’Institut Broadbent.

Intitulée Profitabilité dans le secteur de l’épicerie : Inflation, salaires et financiarisation, cette étude, réalisée par l’analyste Alex Purdye, constate que les salaires réels dans le secteur de l’épicerie ont augmenté de façon importante de 2018 à 2020. Mais qu’au cours des années qui ont suivi, les augmentations du coût de la vie ont annulé ces gains, ramenant les salaires au niveau de 2018.

Or ce recul des salaires réels a eu lieu dans un contexte de profits records par les détaillants en alimentation. À la différence des précédents épisodes d’inflation, où l’on imputait les augmentations du prix des biens de consommation à l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre – c’est-à-dire aux salaires – les salaires des employés d’épicerie ont en fait diminué après que le  « salaire des héros », qu’étaient ces travailleurs essentiels en période de pandémie, eut été récupéré. 

Au contraire, comme le révèle ce rapport, les augmentations de prix sont attribuables à un phénomène appelé « inflation imputable au vendeur », un phénomène où les chocs de coûts sont répercutés sur les consommateurs afin de préserver la marge bénéficiaire des entreprises.

« Dans ce contexte  inflationnaire, les demandes salariales des travailleurs, bien que justes et justifiées, ont été le bouc émissaire de l’augmentation des prix », de préciser Clement Nocos, directeur de la politique et de l’engagement à l’Institut Broadbent. « Notre recherche montre que c’est le contraire qui se produit en réalité. Du moins dans le secteur de l’épicerie, les travailleurs ont vu leurs gains salariaux s’évaporer sous l’effet de prix excessifs alors que leurs patrons ont enregistré des profits records.  Il est temps de cesser de jeter le blâme sur les travailleurs et de commencer plutôt à appuyer leurs luttes tout en s’attaquant aux profits excessifs et à l’insécurité alimentaire. »

Selon le modèle de l’inflation imputable au vendeur, les prix connaissent une flambée à la suite d’un choc de coûts initial – par exemple, une forte hausse du coût de l’énergie, ou des intrants industriels. Les entreprises répercutent ensuite ces hausses sur les consommateurs, diminuant ainsi le pouvoir d’achat de ces derniers.  Les syndicats réagissent en faisant preuve de plus de fermeté dans les négociations – et en revanche pour préserver leur marge bénéficiaire récemment gonflée, les entreprises augmentent encore plus les prix, dans un mouvement inverse à la traditionnelle « spirale des salaires et des prix ». 

Le rapport conclut que ce cadre s’applique au Canada : à la suite de pics initiaux des coûts de l’énergie et de la production alimentaire, les travailleurs ont vu leurs salaires réels diminuer, alors même que les entreprises voyaient leurs profits grimper en flèche. Le rapport constate également que la pression exercée par les investisseurs est un moteur clé de l’inflation imputable au vendeur : l’investissement à faible friction signifie que les entreprises font face à la concurrence pour dégager des marges bénéficiaires équivalentes à celles des entreprises des autres secteurs, ou voient autrement leurs investisseurs se retirer. Dans une course aux profits plutôt qu’une course pour les prix, ils normalisent ces marges bénéficiaires en réduisant les coûts, y compris les salaires réels des travailleurs – tout en investissant dans la productivité, c’est-à-dire en améliorant la technologie, ce qui entraîne des réductions des heures de travail ou même des mises à pied.

Le rapport met de l’avant trois recommandations clés pour s’attaquer à l’inflation imputable au vendeur : 

  • L’instauration d’une taxe sur les bénéfices exceptionnels, qui limiterait la capacité du secteur de normaliser des pics de prix temporaires et inciterait plutôt les détaillants en alimentation à réduire les prix ou à augmenter les salaires
  • La mise en place de mécanismes de contrôle des prix comme mesure d’urgence temporaire de stabilisation lors d’une crise d’approvisionnement
  • Le renforcement des syndicats afin de réduire la capacité des entreprises de maintenir leurs profits en réduisant les salaires

« En 2023, les partis politiques de la gauche comme de la droite se disputent les votes des travailleurs, et cherchent à être reconnu comme le parti qui obtiendra les meilleures conditions pour eux » de faire observer Clement Nocos. « Il est temps pour ces partis de mettre en œuvre ces recommandations raisonnables et sensées et de contribuer au rétablissement d’un coût de la vie plus viable pour les travailleurs et travailleuses d’un bout à l’autre du Canada. »

 

L’Institut Broadbent annonce la nomination de Jen Hassum comme directrice générale

Ed Broadbent et le conseil d’administration de l’Institut Broadbent sont heureux d’annoncer la nomination de Jen Hassum comme directrice générale. 

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Sondage : À la veille des élections, l’anxiété quant à l’abordabilité demeure élevée

TORONTO – Le coût de la vie, l’accès à des soins de santé et à des logements abordables sont les trois grands enjeux selon lesquels les Canadien.ne.s voteront, huit Canadien.ne.s sur dix s’inquiétant de l’augmentation du coût de la vie.

Un sondage réalisé par Abacus Research pour le compte de l’Institut Broadbent et de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada a montré qu’un Canadien.ne sur trois considère que la pandémie a fait en sorte qu’il est maintenant plus difficile de couvrir leurs dépenses quotidiennes avec leurs revenus, alors que 71 % de Canadien.ne.s estiment que l’écart entre leurs revenus et ceux de la tranche supérieure des 1 % s’est creusé au cours des deux dernières années.

À  la question de savoir comment rendre la vie plus abordable, les Canadien.ne.s avancent les solutions suivantes : améliorer la couverture des soins dentaires, des soins à domicile et des médicaments d’ordonnance; assurer l’accès à des emplois stables rémunérés correctement; augmenter les recettes fiscales en imposant davantage les Canadien.ne.s les plus riches et les sociétés géantes pour pouvoir offrir des services publics dignes de ce nom. 

« Les Canadien.ne.s continuent de faire des pieds et des mains pour joindre les deux bouts tout en étant bien conscients que quelques personnes et grandes sociétés au sommet de la pyramide des richesses continuent d’accaparer toujours plus de richesses », d’insister Katrina Miller, la directrice des programmes pour l’Institut Broadbent. « Dans l’esprit des Canadien.ne.s, il est clair que de meilleurs services publics, une couverture élargie des soins de santé et l’augmentation du taux d’imposition des plus riches contribueront à rendre la vie plus abordable pour tous. » 

Autres conclusions clés

  • 64 % des Canadien.ne.s ont constaté avec amertume que le coût des biens et services qu’ils utilisent et consomment quotidiennement a augmenté au cours des deux dernières années. Ces chiffres s’élèvent à 81 % parmi les Canadien.ne.s âgés de 60 ans et plus
  • 73 % des Canadien.ne.s affirment que la pandémie a eu des conséquences financières qui font en sorte qu’il est aujourd’hui plus difficile pour eux d’épargner en vue de la retraite
  • 76 % des Canadien.ne.s affirment que la pandémie a accru leur stress et leurs soucis d’argent 

Lorsqu’on leur demande ce qui permettrait de rendre la vie plus abordable :

  • 93 % des Canadien.ne.s soulignent qu’une meilleure couverture des soins de santé publics comme les soins dentaires, les médicaments d’ordonnance et les soins à domicile allègerait leur fardeau alors que 41 % affirment que de telles mesures les aideraient considérablement;
  • 95 % des Canadien.ne.s affirment qu’assurer à chacun.e un emploi stable rémunéré décemment serait utile, alors que 41 % affirment que cela serait très utile;
  • 93 % des Canadien.ne.s affirment qu’imposer davantage les Canadien.ne.s les mieux nantis ainsi que les sociétés géantes afin de pouvoir offrir de meilleurs services publics atténuerait leurs problèmes, alors que 39 % affirment que cela allègerait considérablement leur fardeau.

« À l’heure actuelle, comment mettre fin à la pandémie, et assurer l’abordabilité des biens et services nécessaires demeurent les deux grands enjeux qui intéressent les Canadien.ne.s, en particulier ceux qui sont âgés de moins de 40 ans. Le coût des logements, des services de garde et des biens et services augmente plus rapidement que les revenus des gens. « Cette détérioration du niveau de vie a engendré une demande pressante de solutions auprès des dirigeants politiques qui inviteront bientôt les gens à voter », affirme David Coletto, PDG d’Abacus Data. « Tout comme en 2019, réduire les dépenses et augmenter les revenus des personnes seront vraisemblablement les principaux enjeux de cette campagne électorale. »

 

RAPPORT : David Coletto, Abacus Data. L’anxiété quant à l’abordabilité continue d’augmenter alors que la plupart des Canadien.ne.s avouent s’inquiéter du coût de la vie.

RECHERCHE : Abacus Data pour le compte de l’Institut Broadbent et de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada. La question de l’abordabilité perdure après la pandémie.

Pour gérer le déficit et assurer la relance économique, les Canadien.ne.s se sont prononcés en faveur d’un taux d’imposition plus élevé des super-riches par opposition à des réductions de dépenses publiques

TORONTO – Les Canadien.ne.s craignent que le déficit à l’horizon soit jugulé par des réductions de dépenses publiques et des augmentations d’impôt visant les ménages à revenus faibles et moyens, une majorité estimant que ces mesures auraient des conséquences néfastes sur leur vie. Interrogés sur les mesures qu’ils souhaiteraient voir adopter, les Canadien.ne.s ont de manière écrasante opté pour une augmentation des impôts des grandes sociétés et les super-riches ainsi qu’une l’élimination des échappatoires fiscales.

Un sondage réalisé par Abacus Research pour le compte de l’Institut Broadbent et de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada auprès de 1 500 Canadien.ne.s montre que 70 % d’entre eux souhaitent  que le gouvernement fédéral bâtisse une économie et une société qui soient plus juste et équitable qu’elles ne l’étaient avant la pandémie.

 « Les Canadien.ne.s abordent les prochaines élections avec des vues très claires quant à l’avenir qu’ils souhaitent », de souligner Katrina Miller, directrice des programmes à l’Institut Broadbent, « un gouvernement fédéral qui investisse dans les programmes et services indispensables, financés par qui ceux qui disposent des ressources voulues. » 

 

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Une vaste majorité de Canadien.ne.s souhaitent que soit adopté un plan de reprise postpandémique qui ne réduise pas le financement des programmes et services essentiels, instaure un impôt sur la fortune, réduise les dépenses personnelles de santé assumées par les particuliers et garantisse une offre de logements abordables. Cet avis est largement partagé dans l’ensemble de la population, toutes allégeances politiques confondues.

« Les élections fédérales permettront aux Canadien.ne.s de choisir exactement le type de reprise postpandémique qu’ils souhaitent. Ils sont à la recherche de solutions qui réduisent les inégalités, garantissent l’intégrité des services publics et atténuent la crise de l’abordabilité », a déclaré le PDG d’Abacus Data, David Coletto. « Le soutien en faveur de réductions des dépenses publiques est très faible. En revanche, le soutien en faveur de mesures fiscales qui contraindraient les plus riches à financer la reprise est écrasant. »

RAPPORT : David Coletto, Abacus Data. Pour réduire le déficit, les canadiennes et les canadiens veulent une augmentation de l’impôt des riches et des grandes entreprises.

RECHERCHE : Abacus Data pour le compte de l’Institut Broadbent et de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada. Ce que les canadiennes et les canadiens pensent du déficit fédéral et de la reprise post-pandémie.

Les Canadien.ne.s affirment qu’il est temps de réduire les écarts de richesses

Le sondage réalisé par Abacus montre que les appuis en faveur d’un impôt sur la fortune ont grimpé en flèche, pour s’élever à près de 90 %

TORONTO – Une majorité de Canadien.ne.s sont d’avis que la pandémie a creusé les inégalités de revenus et les écarts de richesses et 81 % estiment qu’il est temps aujourd’hui de s’attaquer à ce problème en augmentant les impôts sur la fortune et l’impôt des grandes sociétés, met en lumière un récent sondage réalisé à la demande de l’Institut Broadbent et de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada.

Réalisé par Abacus Data, ce sondage fait état d’un soutien écrasant en faveur d’un certain nombre de mesures fiscales, 89 % des Canadien.ne.s affirmant que leur vote pourrait être dicté par la position des partis sur cet enjeu. 

« Les Canadien.ne.s sont bien conscients des inégalités qui ne cessent de se creuser dans notre société. La plupart sont d’avis que nous devrions prendre des mesures dès aujourd’hui pour hausser l’impôt sur la richesse et ils entendent exprimer clairement leur position à ce sujet lors du prochain scrutin », de souligner Katrina Miller, directrice des programmes à l’Institut Broadbent. « Les dirigeants politiques devraient tenir compte des demandes de plus en plus pressantes du public en faveur d’une augmentation de l’impôt sur la richesse car le moment n’aura jamais été mieux choisi pour s’attaquer à cet enjeu fiscal décisif ».

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Les injustices envers les enfants des Premières Nations se poursuivent encore aujourd’hui

Anne Levesque est membre de l'Institut Broadbent et professeure adjointe à la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa.

La découverte des tombes non marquées de plus de 1 000 enfants qui ont fréquenté les pensionnats pour Autochtones et qui y sont décédés a choqué notre conscience nationale. Cette nouvelle tragique a amené de nombreuses personnes à se questionner sur ce qui peut être fait pour honorer la mémoire de ces enfants.

Leurs droits ont été violés. Dans ce contexte, les États doivent au minimum garantir la non-répétition d’atrocités similaires dans l’avenir. Or, les enfants des Premières Nations sont toujours victimes de discrimination aujourd’hui.

À cet égard, les décisions du Tribunal canadien des droits de la personne (TCDP) relatives à une plainte en matière de discrimination déposée par l’Assemblée des Premières Nations et la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations fournissent une feuille de route au Canada pour mettre fin à ce cycle de discrimination.

Comme avocate et chercheuse en droits de la personne, j’invite les Canadiens qui souhaitent rendre hommage aux enfants décédés dans les pensionnats à exiger du gouvernement fédéral qu’il cesse ses batailles juridiques contre les enfants des Premières Nations et qu’il respecte pleinement les décisions du TCDP visant à ne pas répéter les préjudices du passé.

Les injustices se poursuivent aujourd’hui

La Commission de vérité et réconciliation (CVR) a poursuivi durant sept ans des recherches approfondies sur le système des pensionnats. De 2008 à 2015, elle a recueilli les témoignages de plus de 7 000 survivants et de membres de leur famille sur les conditions d’insécurité et de santé précaires dans les pensionnats. Celles-ci ont été causées par les politiques discriminatoires et coloniales du gouvernement du Canada, ainsi que par le sous-financement systémique des services fournis. Des milliers d’enfants sont morts à cause de cela.

Malgré son obligation de veiller à la non-récurrence des violations des droits de la personne, le Canada finance toujours de manière inéquitable les services à l’enfance des Premières Nations. En 2016, le Tribunal canadien des droits de la personne a conclu que le Canada discrimine 165 000 enfants des Premières Nations en leur fournissant des services inéquitables.

Le TCDP conclut notamment que la discrimination du Canada incite à retirer les enfants des Premières Nations de leurs familles et de leurs communautés au lieu d’appuyer des mesures préventives, à faire de l’intervention précoce et à permettre la mise en place de mesures moins perturbatrices. Il y a aujourd’hui plus d’enfants autochtones pris en charge par l’État qu’à n’importe quel moment de l’ère des pensionnats.

Selon la Dre Marie Wilson, l’une des trois commissaires de la CVR, les préjudices subis par ces enfants aujourd’hui lorsqu’ils sont retirés de leur famille, de leur foyer et de leur communauté sont comparables à ceux subis par ceux qui ont fréquenté les pensionnats.

Des décès évitables

La discrimination du Canada à l’égard des enfants des Premières Nations continue également d’avoir des conséquences fatales. En 2017, la Première Nation Wapekeka a écrit à Santé Canada pour demander des fonds pour financer des services de santé mentale lorsqu’elle a appris l’existence d’un pacte de suicide parmi les enfants de la communauté.

Le financement des services demandés aurait été disponible pour les enfants allochtones. Santé Canada a ignoré la demande, déclarant plus tard qu’elle arrivait à un moment inopportun du cycle de financement. Cette année-là, trois jeunes filles de douze ans de la communauté sont mortes par suicide. Selon le médecin de famille de la Première Nation de Wapekeka, ces décès auraient pu être évités si les filles avaient reçu les services de santé mentale dont elles avaient besoin.

Lorsque le Canada s’est montré soit incapable, soit peu désireux de se conformer à sa décision de 2016, le TCDP a dû rendre 19 autres ordonnances détaillant les mesures précises que le Canada devait prendre pour réduire les impacts néfastes de la discrimination continue à l’égard des enfants des Premières Nations et de leurs familles.

Le Canada a contesté la plupart de ces ordonnances et demande maintenant à la Cour fédérale du Canada d’en infirmer deux d’entre elles. Le gouvernement du Canada a dépensé des millions de dollars de l’argent des contribuables dans ce litige concernant les droits de 165 000 enfants des Premières Nations, dont certains sont les enfants et petits-enfants des survivants des pensionnats ou des collègues de classe des enfants qui ont été retrouvés.

Un enjeu vital pour la réconciliation

L’une des décisions que le Canada conteste actuellement exige qu’il indemnise certains des enfants des Premières Nations et leurs parents qui ont été lésés par la discrimination délibérée et inconsidérée du Canada, y compris certains de ceux qui ont été inutilement retirés de leur famille et de leur communauté.

L’ordonnance d’indemnisation est l’une des décisions les plus importantes rendues par le TCDP au cours de ce long litige. Pourquoi ? Bien que le Tribunal ait noté à juste titre qu’aucune somme d’argent ne pourra jamais récupérer ce que les victimes ont perdu, l’indemnisation vise à reconnaître symboliquement l’atteinte à la dignité qui s’est produite en raison du tort social que constitue la discrimination.

Il s’agit également d’une première étape essentielle pour restaurer la confiance des peuples des Premières Nations envers le Canada.

En même temps, il est tout aussi important pour le Canada d’indemniser les victimes de sa discrimination. Comme les experts sur la réconciliation le soulignent, le fait d’accorder une compensation aux victimes de violations des droits de la personne aide les auteurs de ces violations à comprendre que ce qu’ils ont fait était mal.

Cela incite également le Canada à mettre fin à sa conduite discriminatoire. L’une des révélations choquantes du litige est que le Canada savait qu’il sous-finançait les services destinés aux enfants des Premières Nations et était conscient de ses effets néfastes. Malgré cela, il a intentionnellement choisi de continuer de discriminer parce qu’il considérait tout simplement que le coût financier d’y mettre fin était trop élevé.

Même après que le Canada ait été reconnu d’avoir enfreint la Loi canadienne sur les droits de la personne, les documents internes révèlent qu’il a délibérément choisi d’ignorer les décisions juridiquement contraignantes lui ordonnant de mettre fin à sa conduite discriminatoire à l’égard des enfants des Premières Nations. Le Canada pense que le respect des droits de la personne des enfants des Premières Nations ne vaut pas le coût.

Les réparations en matière de droits de la personne sont censées s’attaquer au cœur des causes des violations. La conclusion du TCDP est claire : le Canada s’est constamment concentré sur des considérations financières plutôt que sur l’intérêt supérieur des enfants des Premières Nations et le respect de leurs droits. Il est à espérer que l’ordonnance de compensation du Tribunal sera le coup de pouce dont le Canada a besoin pour enfin faire ce qu’il faut.

Les survivants des pensionnats ont raconté leur histoire à la CVR dans l’espoir que leurs enfants et petits-enfants ne subissent pas les mêmes préjudices qu’eux lorsqu’ils étaient jeunes.

Les Canadiens qui souhaitent être solidaires des communautés autochtones qui pleurent la perte des enfants doivent exiger que leur gouvernement ne répète pas les erreurs du passé. Pour cela, il faut d’abord l’exhorter à se conformer pleinement à toutes les ordonnances du TCDP visant à garantir qu’il ne perpétue pas ses traitements inéquitables à l’égard d’une autre génération d’enfants autochtones.La Conversation

 

La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.

Martha Friendly Récipiendaires des Prix Jack-Layton et Charles-Taylor 2021